Noubiznes Meet-up : Les enjeux de la main-d’œuvre étrangère
Anielle Jia Young Ching – Head of SME, Cim Finance
Mannish Ajodah – Avocat et Cofondateur, Orison Legal
Kannen Packiry Poullé – Chief Human Resources Executive, Cim Finance
Roshan Ramoly – Directeur, LinearArc Solutions
La troisième édition cette année de la série de Noubiznes Meet-up, tenue le mardi 15 octobre 2024 à Cim House, Port-Louis, portait sur les opportunités et défis du recrutement de travailleurs étrangers pour les PME mauriciennes. Les principaux intervenants étaient Mannish Ajodah, avocat et cofondateur d’Orison Legal et Kannen Packiry Poullé, Chief Human Resources Executive de Cim Finance.
Les entreprises recourent généralement à la main-d’œuvre étrangère pour pallier, entre autres, la contraction de la population active, l’exode des talents et le manque de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs. Parmi les enjeux auxquels elles font face figurent le recrutement des talents adéquats, les démarches à entreprendre et les obstacles à éviter.
Comment trouver les bonnes personnes ?
La meilleure option consiste souvent à se rendre sur place en Inde, au Népal, à Madagascar ou ailleurs, afin de bien maîtriser tout le processus. Cependant, en raison des coûts qui y sont liés, une telle approche n’est pas forcément à la portée de toutes les PME. Le recours à des agents recruteurs agréés peut alors faciliter la procédure.
La loi de l’offre et de la demande s’applique également à la main-d’œuvre étrangère. « Mon dernier déplacement remonte à juin dernier. Je me suis rendu en Inde pour recruter du personnel. Je pensais trouver une longue file d’attente, mais à ma grande surprise, il n’en était rien, car tout comme Maurice, d’autres pays recherchent eux aussi de la main-d’œuvre étrangère », souligne Kannen Packiry Poullé, qui a une solide connaissance dans le recrutement international.
« Le salaire minimum en Europe est de 1 500 euros, soit environ 75 000 roupies mauriciennes et plus de 100 000 roupies indiennes. Par conséquent, pour eux, travailler à Maurice n’est pas aussi attractif qu’en Europe. Et même si Dubaï offre des salaires inférieurs à ceux de Maurice, les pourboires peuvent souvent excéder le salaire de base. »
Au moment du recrutement, si vous ne vous rendez pas sur place, il est essentiel de vous assurer d’avoir affaire aux bonnes personnes, dont les compétences répondent à vos attentes. Les entretiens en visioconférence s’avèrent utile dans de tels cas, avec la possibilité d’échanger directement et de poser des questions pertinentes.
Les démarches à entreprendre
Les démarches à entreprendre diffèrent selon le type de permis que vous souhaitez obtenir pour vos collaborateurs étrangers. Spécialiste du droit du travail exerçant depuis 26 ans, l’avocat Mannish Ajodah explique : « Des procédures sont mises en place d’un côté par le ministère du Travail pour les Work Permits, principalement pour les travailleurs manuels et de l’autre, par l’Economic Development Board (EDB) pour les Occupation Permits destinés aux professionnels. » Un professionnel éligible à l’Occupation Permit est défini comme une personne percevant un salaire d’au moins Rs 22 500. La demande de permis peut être effectuée en ligne via le site de l’EDB, avec une procédure simplifiée, sous réserve que tous les critères requis sont remplis, a-t-il précisé.
Avant même de présenter une demande de Work Permit , vous devez démontrer que vous avez tenté de recruter du personnel sur le marché local (en publiant des annonces dans la presse) et que ces démarches ont été infructueuses.
La question du logement est aussi d’une importance capitale, car aucune demande de permis de travail ne sera acceptée sans avoir complété les formalités relatives à l’obtention d’un Lodging and Accommodation Permit. Après avoir trouvé le bon emplacement, qui ne doit pas être le même que le lieu de travail, vous devez notamment obtenir un certificat de sécurité incendie (Fire Certificate) et une attestation du ministère de la Santé, ainsi qu’une autorisation de conversion du bâtiment en dortoir, si nécessaire.
Les frais de déplacement sont à la charge de l’employeur et chaque travailleur étranger a droit à des conditions d’hébergement décentes, avec son propre couchage, les moyens de préparer ses repas et un espace de vie minimum.
Outre une rémunération selon un contrat en bonne et due forme, qui respecte la législation mauricienne, il est nécessaire de s’acquitter de toutes les taxes et autres charges sociales applicables, dont la contribution sociale généralisée (CSG). Si les travailleurs étrangers répondent aux critères d’éligibilité, ils reçoivent aussi les aides gouvernementales, dont la CSG Allowance.
Quelques conseils pratiques
- Comme toute démarche administrative, le recrutement de main-d’œuvre étrangère demande de la patience.
- Renseignez-vous sur les quotas de travailleurs étrangers, qui peuvent varier en fonction des secteurs.
- Une Permission in Principle peut s’avérer nécessaire, surtout pour les secteurs soumis à des quotas.
- En cas de rejet de votre dernière demande d’autorisation de conversion d’un bâtiment en dortoir, vous pouvez faire appel devant l’Environment and Land Use Appeal Tribunal.
- Le contrat d’un travailleur étranger ne peut être résilié du jour au lendemain et le ministère du Travail doit en être informé. Le billet d’avion du retour reste à la charge de l’employeur.
Comme d’habitude, une autre partie du Meet-up a permis aux participants de faire des rencontres professionnelles, d’échanger et de créer des opportunités de collaboration. L’événement a également donné l’occasion à trois PME, actives dans la mécanique et la distribution de produits alimentaires, de se faire connaître et qui sait, de se faire de nouveaux clients.
Liens utiles
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