Basheer Ishaq, la clientèle à cœur

 

Quoi de mieux qu’un bon « sorbe disel-pima » bien mauricien pour se rafraîchir lorsque les températures grimpent ? Même si les glaciers ne manquent pas dans l’île, Basheer Ishaq, qui exerce ce métier depuis plus d’une dizaine d’années, nous livre sa recette pour se démarquer de la concurrence.

Basheer Ishaq n’a pas besoin de carte de visite. Il suffit à ses clients d’entendre les premières notes de la mélodie caractéristique de Yankee Doodle pour savoir que leur glacier préféré est dans les parages. « Sak marsan anvi so lamizik inpe apar pou dimounn fini rekonet li. »

« Depi tipti, mo’nn travay dan vann sorbe ar lezot dimounn. Kan mo’nn desid pou tir pou mwa, mo’nn prepar enn lot kalite masinn pou mo servi », explique-t-il. Féru de mathématiques et ne manquant pas de débrouillardise, cet habitant de Nouvelle-France travaille à son propre compte depuis deux ans – avec le coup de main bienveillant de sa mère, qui l’aide à préparer ses glaces et l’accompagne lorsqu’il travaille à des emplacements fixes, notamment à la sortie des écoles.

Basheer a sollicité un crédit auprès de Cim Finance pour s’acheter un scooter électrique à trois roues, qu’il a modifié selon ses besoins. Il y a même ajouté des panneaux solaires récemment et remplacé le générateur à essence qui lui permet de maintenir la chaîne de froid. Une solution économique et écologique à la fois !

Le nom de son entreprise, Scooby Doo, lui est venu de la cuillère à glace (« scoop »), ainsi que d’un dessin animé très apprécié des enfants. Beaucoup de marchands de glace s’inspirent d’ailleurs de l’univers des cartoons…

 

Choyer la clientèle

« Mo bien kontan fer kamarad, mo get along bien avek dimounn. » Les compétences relationnelles sont un atout pour satisfaire et fidéliser la clientèle, affirme Basheer. Des foires à la vente de kebab et de glaces, il explique avoir développé ses aptitudes dans le domaine au fil du temps.

Une autre qualité primordiale est la patience, « car on ne sait jamais vraiment qui on a en face de nous ». Il se fait un devoir d’accueillir ses clients avec le sourire et à échanger avec eux pour les encourager à l’approcher. « Si ou fer koumadir ou pa pe pran dimounn-la kont, dimounn-la pa pou pran ou kont. »

Basheer sait choyer ses clients et ils le lui rendent bien !

 

Redoubler d’inventivité

Malgré la taille de son entreprise, il n’est pas du tout présomptueux de parler de recherche et développement. Quand il a commencé à proposer des sorbe disel-pima, « pa ti ena lor marse dan Lesid ». Depuis, Basheer a élaboré une quinzaine de saveurs propres à lui, qui varient selon la saison. « Sorbe disel-pima-la, bien tigit plas dan Moris ki ou pou gagn li. Je pense aussi être le seul à avoir autant de variétés. »

Il a commencé avec des glaces à l’ananas et au tamarin. D’autres fruits tels que la mangue, la grenadine, la pêche, la fraise, le melon d’eau, le litchi, le limon et la menthe, la pomme, le raisin, la myrtille et la datte sont venus étoffer son éventail de saveurs. Depuis peu, il propose aussi un mélange de coco et de canne.

« Mes sorbets sont 100 % à base de fruits. Mes clients connaissent mes produits et c’est pour cela qu’ils m’attendent. Ils connaissent aussi mon approche, ce qui joue en ma faveur. Mo kontan sey-sey bann nouvo fri. »

Cet autodidacte s’est pourtant essentiellement perfectionné sur le tas, sans formation spécifique. Détenteur d’un Food Handler’s Certificate, il s’applique toutefois à respecter les réglementations sanitaires en vigueur.

Comme quoi, avec la volonté de réussir, on peut réaliser de belles choses.

 

Savoir s’adapter

Après avoir fait ses débuts comme glacier sur la plage de Blue-Bay à 17 ans, le jeune entrepreneur a exercé d’autres professions, notamment comme enseignant et employé de bureau avant de revenir à des premières amours. Il a toujours fait preuve d’une envie d’apprendre remarquable.

« Il y a différents types de glaces et quelqu’un qui souhaite se lancer dans ce domaine doit être conscient qu’il y a plein de choses à apprendre, dont l’entretien des machines dans certains cas. Cela demande du temps et de la patience. »

Une anecdote qui illustre aussi sa capacité d’adaptation, c’est sa décision de varier ses saveurs à un moment où les ananas se faisaient rares sur le marché. D’autre part, il essaie de constamment améliorer ses recettes pour se démarquer encore plus des autres.

Proposer des dégustations permet également de faire connaître son produit.

 

Diversifier sa clientèle

De Pailles à Vallée-Pitot, en passant par le Jardin des Salines, ou encore le Champ-de-Mars en saison de courses hippiques, les sorbe disel-pima de ce jeune entrepreneur de 28 ans ont conquis plus d’un palais dans la région de Port-Louis.

Il va là où la clientèle se trouve. À la sortie des écoles en périodes scolaires, devant quelques bureaux les jours de semaine, en porte-à-porte le week-end… Le porte-à-porte est un bon moyen de bâtir sa clientèle, précise-t-il.

Malgré le succès de ses glaces, Basheer reste très lucide : « Le client est roi, si pena mo bann kliyan, mo pa pou travay ». Souhaitons qu’il continue encore longtemps de faire fondre ses clients, petits et grands !